Chasse aux Sorcières à l'Université : Frédérique Vidal annonce son ouverture !

Nous avons connu « l'appel des cent », dans lequel une série d'universitaires, inspirés du Maccarthysme des années 1950 réclamaient de manière délirante une chasse aux sorcières à l'Université. Pensez ! L'Université française serait gangrenée (pas moins) par l' "islamo gauchisme". Une mouvance politique imaginaire qui semble tout droit sortie de l'imagination malsaine d'un Éric Zemmour paranoïaque.

Peu importe que ce courant n'existe que dans les fantasmes les plus tordus de l'extrême-droite, voilà le concept labellisé par notre ministre de tutelle elle-même, Madame Frédérique Vidal.

Sur le plateau de Jean-Pierre Elkabbach (sur la chaine C-News) dimanche 14 février, la ministre, a fustigé des chercheurs et chercheuses soupçonnés d’islamo-gauchisme et annoncé la commande au CNRS d’une enquête « sur l’ensemble des courants de recherche sur ces sujets dans l’université de manière qu’on puisse distinguer de ce qui relève de la recherche académique de ce qui relève justement du militantisme et de l’opinion. »

Elle ajoute : « Ce qu’on observe à l’université, c’est que des gens peuvent utiliser leurs titres et l’aura qu’ils ont. Ils sont minoritaires et certains le font pour porter des idées radicales ou des idées militantes de l’islamo-gauchisme en regardant toujours tout par le prisme de leur volonté de diviser, de fracturer, de désigner l’ennemi, etc… »

Elkabbach : « Il y a une sorte d’alliance, si je puis dire, entre Mao Zedong et l’Ayatollah Khomeini » et Madame Vidal d'approuver : "Vous avez raison"

Madame Vidal ose donc s'adresser au CNRS comme à une police politique ! L'institution fondée par Paul Langevin et Jean Perrin sur la base de la liberté de la recherche et du « jugement par les pairs » deviendrait une agence de barbouzes ? On aurait espéré un refus complet de la part de ses instances dirigeantes.

Ces déclarations sont totalement indignes. A ce point indigne que la Conférence des Présidents d'Université (CPU), sollicitée pour se joindre à l'enquête a renvoyé à Madame Vidal un refus cinglant et argumenté. La Libre Pensée approuve et ce refus et ses termes.

Est-ce un hazard ?

Les universitaires et les chercheurs sont viscéralement attachés à leur liberté de recherche. Le jugement de leurs travaux est fait et doit rester fait par les pairs, notamment par le CNU (Conseil National des Universités) et le CoNat (Comité National du CNRS). A travers la LPR (Loi de Programmation de la Recherche) madame Vidal a porté gravement le fer dans ces principes. La loi est passée, mais contre l'opinion de l’immense majorité des personnels de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche.

Jamais, depuis longtemps, un ministre n’a été autant rejeté par les personnels qu’il est censé administrer. La LPR n’a eu aucun appui sérieux dans ce secteur. Il faut donc faire plier le milieu. La chasse aux sorcières, dans un climat marqué par le terrorisme est un expédient grossier et criminel, non sans relations avec la loi « sécurité globale » et la loi « contre le séparatisme ». Chercherait-elle à allumer une guerre intestine dans des universités où le problème ne s'est jamais posé ?

Non à la chasse aux sorcières !

Respect de la liberté de recherche et d'enseignement !

Restauration du jugement par les pairs et seulement par les pairs

Plus que jamais respect des franchises universitaires !

Paris, le 21 février 2021