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Adhérente de la Fédération Nationale de la Libre Pensée

Les pages noires du christianisme (1)

                                                                                                                par Enrico Riboni

(avec l'aimable autorisation des éditions CLED)

 

II y a près de 2000 ans, selon certains, naissait en Galilée un fondateur de secte, qui finira crucifié environ 30 ans plus tard. Ses avant-derniers mots sur la croix furent « Donnez-moi à boire ». Et pourtant ! La secte qu'il avait fondée deviendra ensuite la plus grande de tous les temps. Elle prendra le pouvoir politique dans l'empire romain, abolira la liberté de religion, puis amoncellera des montagnes de cadavres : ses membres massacreront des millions d'«infidèles », « hérétiques », « sorcières » et autres, puis se massacreront entre eux en donnant à l'Europe les guerres les plus féroces qu'elle ait connues. Une telle histoire pourrait inciter à la modestie, mais les chrétiens revendiquent, au contraire, un monopole de l'éthique. Ils adorent un seul Dieu, dieu qui est « amour », proclament-ils.

Seule idéologie à pouvoir partager avec le communisme et le nazisme le podium dédié aux idéologies les plus meurtrières de l'histoire humaine, le christianisme reste une idéologie dominante dans nombre de pays occidentaux. Il est temps d'écrire le Livre Noir du Christianisme : 2000 ans de terreur, de persécutions et de répression. Commençons, modestement, par ces "Pages noires du Christianisme", qui résument, en ordre chronologique, quelques-unes des pires atrocités commises au nom de cette idéologie qui prétend promouvoir l'amour du prochain.


An un de « l'ère chrétienne »


« Les dieux n'étaient plus, et Dieu n'était pas encore ».

L'Empire Romain garantit la liberté de culte. L'athéisme et la raison dominent. C'est à cette époque que naît un type qui, disent certains juifs, perd la raison car il lit la Tora trop jeune. Il fonde une secte qui vise à interdire le culte de dieux autres que le sien. Le type est finalement mis à mort, mais sa secte se répand avec le succès que l'on sait.

Le culte de la personnalité pour le fondateur de la secte atteint, chez les chrétiens, un niveau que même le stalinisme n'égalera pas : le fondateur est proclamé « vraiment homme et vraiment Dieu » (« Homme-Dieu », dirait-on en langage normal). Ceux qui en doutent sont proclamés sans ambages hérétiques, et subiront plus tard les foudres de l'Inquisition. Dès le 4e siècle de notre ère commencera la mise à mort par des chrétiens de non-croyants.

 

50-70

 

La secte chrétienne se développe. Des textes grecs, écrits par les membres de la secte hors de Palestine (« Les évangiles ») relatent de la vie du fondateur de la secte : né d'une vierge qui serait restée vierge malgré plusieurs autres enfants, il aurait guéri des malades mais aussi maudit un figuier qui se serait desséché instantanément et fait précipiter des centaines de cochons qui ne lui appartenaient pas dans un lac. Ce personnage, qui défend les pauvres mais affirme aussi que « ceux qui ont tout seront comblés et à ceux qui n'ont rien il sera enlevé le peu qu'ils ont », un peu pathétique lorsqu'il maudit un figuier ou se laisse crucifier, est déclaré une incarnation du « Dieu unique ». Le fait que, d'après les évangiles « canoniques », ses avant-dernières paroles sur la croix furent « Donnez-moi à boire » ne semble point troubler les adeptes de la secte qui se répand bientôt dans l'ensemble de l'empire. L'intolérance religieuse des chrétiens, qui visent, ouvertement dès le début, à imposer une interdiction des cultes de dieux autre que leur propre dieu qui, insistent-ils, est le « seul Dieu », leur attirent bientôt les foudres de la justice romaine qui défend la liberté de culte, qui est l'un des piliers de cette société complexe et multiculturelle qu'est l'empire romain des deux premiers siècles de notre ère. La propagande chrétienne retourne habilement la situation. Ceux qui sont condamnés par la justice romaine sont proclamés « martyrs », leurs restes sont vénérés dans les églises, on invente la légende selon laquelle ils ont été exécutés pour avoir « refusé de renier leur foi » ce qui bien sûr est mieux que la vérité nue qui est qu'ils ont été condamnés pour avoir été des fauteurs de trouble voulant imposer l'intolérance religieuse dans une société multiculturelle.

 

312

 

Prise de pouvoir par les chrétiens : au terme d'une guerre civile, Constantin prend le pouvoir. Peu après, il se convertit officiellement au christianisme et « autorise » dans un premier temps le culte du dieu unique chrétien par l'Édit de Milan : c'est le début de la persécution religieuse en Europe. Peu à peu, les cultes de dieux autres que le dieu chrétien seront interdits. Les sanctuaires classiques seront détruits ou convertis en églises chrétiennes. À la fin du 4e siècle, il n'y aura plus aucun temple païen dans tout le bassin méditerranéen.

 

380

 

L'empereur Théodose proclame officiellement le christianisme seule « Religion d'état » mais il faudra attendre 12 ans avant que tous les autres cultes ne soient définitivement interdits.

 

385

 

Théophile (aujourd'hui Saint Théophile) est nommé patriarche d'Alexandrie. Il commence aussitôt une violente campagne de destruction de tous les temples et sanctuaires non chrétiens. Il a l'appui du pieux empereur Théodose. On doit à Théophile la destruction, à Alexandrie, des temples de Mythriade et Dyonisius. Cette folie destructrice culminera en 391, avec la destruction du temple de Sérapis et de sa bibliothèque. Les pierres des sanctuaires détruits seront utilisées pour édifier des églises pour la nouvelle religion unique, le christianisme.

Ensuite, sans doute pour montrer qu'il est capable de persécuter aussi des chrétiens (dans la mesure où ils ne sont pas 100% orthodoxes), il commande personnellement les troupes qui attaquent et détruisent les monastères qui adhéraient aux idées d'Origène, un théologien chrétien qui fut déclaré hérétique car il soutenait que dieu était purement immatériel.

 

389

 

Pour la première fois, un évêque dicte à un empereur la politique à suivre : Saint Ambroise de Milan, en pleine cathédrale, se lève et, avec ce sens de la charité si particulier que les chrétiens ont, impose à l'empereur d'annuler l'ordre que ce dernier avait donné à l'évêque de Callinicum sur l'Euphrate de reconstruire une synagogue qu'il avait détruite avec sa congrégation. L'Église prend ainsi parti dès ses débuts pour les brûleurs de synagogues, parti qu'elle continuera à soutenir jusqu'aux années 1940. [Référence 1]

 

Début des années 390

 

Le pieux empereur chrétien Théodose fait progressivement interdire tous les cultes non chrétiens. Peu à peu, les temples non chrétiens sont fermés au culte et les processions « païennes » interdites. Cette suppression de la liberté de religion au profit exclusif du christianisme cause parfois des émeutes comme celles de 408 à Calama en Numidie. [Référence 1]

C'est à la même époque qu'ont lieu en Germanie les premières exécutions d'hérétiques, une belle tradition que l'Église développera avec l'Inquisition et perpétuera ensuite jusqu'en 1826.

 

391

 

Une foule de chrétiens, guidés par Saint Athanase et Saint Théophile, abat le temple et la grande statue de Sérapis à Alexandrie, deux chefs d'oeuvre de l'antiquité. [Référence 1]. La collection de littérature du temple est également détruite.

 

412

 

Cyrille (aujourd'hui Saint Cyrille, Docteur de l'Église), est nommé évêque d'Alexandrie et succède ainsi à son oncle Théophile. Il excite les sentiments antisémites diffus parmi les chrétiens de la ville, et, à la tête d'une foule de chrétiens, incendie les synagogues de la ville et fait fuir les juifs. Il encourage ensuite les chrétiens à se saisir des biens que les juifs ont dû laisser derrière eux. [Référence 3]

 

415

 

Hypathia, la dernière grande mathématicienne de l'école d'Alexandrie, par ailleurs fille de Théon d'Alexandrie, est tuée par une foule de moines chrétiens inspirés par Cyrille, patriarche d'Alexandrie que l'Église canonisera. [Référence 4] Leur motivation est que Hypatia, brillante enseignante de mathématiques, représentait une menace pour la diffusion du christianisme en raison de son enseignement des sciences et du néoplatonisme. Le fait qu'elle était une femme, de plus belle et charismatique, rendait son existence encore plus intolérable aux yeux des chrétiens. Son assassinat marqua d'ailleurs un tournant : après sa mort, de nombreux chercheurs et philosophes quittent Alexandrie pour l'Inde et la Perse et Alexandrie cesse d'être le grand centre de l'enseignement et de la science du monde antique. Désormais, la science régressera en Occident et ne retrouvera un niveau comparable à celui de l'Alexandrie antique qu'à l'aube de la révolution industrielle. Les travaux de l'école d'Alexandrie concernant les mathématiques, la physique et l'astronomie seront préservés en partie, par les Arabes, les Perses, les Indiens et aussi en Chine. L'Occident, pour sa part, plonge dans l'obscurantisme et ne commencera à en sortir que plus d'un millénaire plus tard.

En reconnaissance de ses mérites en matière de persécution de la communauté scientifique et des juifs d'Alexandrie, Cyrille sera d'abord canonisé puis promu « Docteur de l'Église » en 1882. (Référence 2)

 

Du VIIe au XVe siècle

 

Le « Moyen âge Chrétien ». Profitant de la disparition des grandes bibliothèques romaines et de l'absence quasi-totale d'activité d'édition en Europe, l'Église obtient de fait un monopole sur l'ensemble des écrits et de l'information. Le peuple est laissé volontairement dans l'ignorance, on le décourage de lire la bible au cas où il aurait accès à un exemplaire. Peu à peu, l'Église impose sa griffe sur la société. L'Inquisition, le célibat des prêtres, le caractère obligatoire du mariage avant toute relation sexuelle, sont toutes des institutions qui datent de cette époque.

C'est aussi à cette époque que se développe ce qui deviendra une des plus riches traditions chrétiennes : brûler vifs des gens. Environ un million de « sorcières » seront brûlées au cours du Moyen-Âge. Les villes rivalisent pour battre le record du nombre de sorcières brûlées en un an. Ce record est établi et reste imbattu à ce jour par la ville de Bamberg, siège épiscopal, qui brûle 600 sorcières en un an.

Nombre de membres de la hiérarchie ecclésiastique regrettent encore aujourd'hui cette époque où l'Église dominait la vie de la société : les clercs chrétiens regrettent la « spiritualité » de l'époque et son art qui laissait une large place à la mort et à de la musique envoûtante.

(à suivre)

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